Métro : Charles Michel (Ligne 10)
Lieu notable : Ce qui aurait dû être la maison de la télévision
La rue prend le nom de Charles de Durand-Linois qui fut lieutenant puis vice-amiral sous les différents régimes que connut la France à la fin du XVIIIème siècle et au début du XIXème siècle

Nous sommes en face de la Maison de la Radio et le lieu n’est sans doute pas anodin dans ce qui aurait dû être la Maison de la télévision. L’ensemble, de part et d’autre de la Seine, aurait ainsi constitué rien de moins que le centre audiovisuel de la France.

C’est près de dix ans après l’achèvement de sa grande sœur radiophonique que ce projet émerge. La Maison de la télévision aurait dû prendre la forme d’une tour symbole à la fois d’une télévision devenue incontournable dans le paysage médiatique français mais également symbole de l’architecture du Front de Seine qui au début des années 70 devient la vitrine du Paris moderne.

Après un concours lancé par l’ORTF, il est retenu au printemps 1973 le projet de l’architecte Maurice Novarina. C’est une tour de 4 étages d’une hauteur de près de 130 mètres où doivent s’installer les trois chaînes de télévision. Chaque étage étant dévolu à une des chaînes de télévision et à son unité d’information. Le quatrième étage devant servir à la partie technique. Comme le confie à l’époque Arthur Conte, PDG de l’ORTF : « C’est la télé pour tous les français, il faut que du premier coup d’œil on puisse la reconnaître. ».

Pour essayer de se donner une idée de ce qu’aurait donné l’architecture, il faut faire un saut vers l’avenue d’Italie et voir la tour Super-Italie conçue par le même architecte à la même période. Cette tour de la télévision aurait achevé la toute-puissance de l’ORTF en même temps que sa mue vers une grande société de communication européenne. Il est à parier également que le centre historique des trois chaînes de télévision, à Cognacq-Jay, aurait été progressivement délaissé par les chaînes publiques et aurait pu sans doute devenir le quartier général d’une chaîne privée.

Toujours est-il est qu’un an après la présentation du projet au grand public, celui-ci est officiellement abandonné le 26 février 1974 lors d’un conseil d’administration de l’Office. Les raisons sont tout d’abord économiques avec une charge d’investissement sans doute trop importante pour l’établissement public. Mais c’est sans doute le contexte audiovisuel de 1974 qui aura pesé dans la balance. Ainsi Marceau Long, qui a succédé à l’autonome 1973 à Arthur Conte à la tête de l’Office, a notamment pour tâche de préparer la décentralisation de l’ORTF en six établissements publics autonomes. Difficile dans ces conditions de songer à un tel projet.

Mais c’est la loi du 7 août 1974 qui va plus loin en supprimant purement et simplement l’ORTF par la création sept sociétés indépendantes (dont TF1, Antenne 2 et FR3). Dans ce contexte, il apparait compliqué de créer une tour de la télévision réunissant des chaînes de télévision qui devaient couper le cordon qui les liaient. Toutefois, le Front de Seine ne dit pas adieu à la télévision puisqu’un peu plus loin sur la rive viennent s’installer dans les années 90 Canal+, France Télévisions et même finalement une tour de la télévision celle de TF1.

Photos©Balades télévisuelles