
Métro : Abbesses (Ligne 12), Lamarck-Caulaincourt (Ligne 12)
Lieu notable : Anciens studios de l’ORTF
Le général de la Révolution française et du Ier Empire, Louis Lepic, a donné son nom à cette artère du XVIIIème arrondissement.
La télévision nous amène à redécouvrir la capitale et cela est sans doute plus vrai au 83 rue Lepic. Montmartre est un lieu à part dans Paris, étant une commune indépendante jusqu’en 1860, dominant le grand ensemble.
Jusqu’au XIXème siècle et compte tenu de sa toponymie, se trouvaient plus d’une trentaine de moulins servant à concasser le blé ou bien encore à broyer certains matériaux. L’exposition privilégiée au vent avait favorisé l’essor de ces bâtiments.

Avec son intégration à Paris et la révolution industrielle, les moulins de Montmartre disparurent petit à petit du paysage mais c’est à la famille Debray, meuniers sur plusieurs générations, à qui l’on doit la sauvegarde des moulins Blute-fin et Radet formant un ensemble baptisé Le Moulin de la Galette. Pourquoi la galette ? Les visiteurs pouvaient y acheter des galettes à base de farine de seigle, accompagnées d’un verre de lait. L’idée de la famille Debray, au milieu du XIXème siècle, fut de transformer l’activité de ces moulins à vent en bals populaires et guinguettes. Une invitation à la fête et à l’insouciance permettant de s’échapper du centre de la capitale.
Au fur et à mesure du temps, le Blute-Fin fut intégré à une propriété privée et donc inaccessible au grand public. Ce qui ne fut pas le cas du Radet où à son pied se situait une salle de music-hall. Lieu idéal pour le tournage d’émissions de variétés et des sessions live de la télévision. C’est donc naturellement que le petit écran y prend ses quartiers . Si l’ORTF avait fait des Buttes Chaumont son haut lieu des rendez-vous du divertissement, le Moulin de la Galette est comme la petite sœur discrète du Centre René Barthélémy. Souvent oublié de l’histoire de la télévision, le Moulin de la Galette héberge pourtant une des émissions phares des années 60 : Âge tendre et tête de bois devenu par la suite Tête de bois et tendres années. Mené par l’harmoniciste Albert Raisner, l’émission accueille les idoles des jeunes d’alors. Si l’on souhaite prendre le pouls de ce qui fait la tendance de l’époque en matière de variétés alors c’est avec Tête de bois qu’il faut prendre rendez-vous. C’est l’âge d’or du Rock’n’Roll et des Yéyés. Le rendez-vous incontournable pour tous les aficionados du genre.
Le réalisateur Gilles Margaritis avait déjà planté le décor, quelques années auparavant, avec sans doute une des premières grandes émissions de variété du petit écran : Music-Hall parade, mais surtout avec la fameuse piste aux étoiles avant que celle-ci ne s’installe au Cirque d’Hiver.

C’est également dans ce lieu que Michel Drucker présente en 1966 sa première grande émission : Tilt Magazine. Un rendez-vous mensuel à 20h30 qui allait préfigurer le succès que connaîtra l’animateur les décennies suivantes dans le même registre en réunissant les plus grandes vedettes de l’époque autour de la chanson. Un classement mensuel des chansons est établi par les téléspectateurs avec à la clé un lot à gagner. Des rubriques agrémentent ce tour d’horizon musical avec les chansons souvenirs, en avant-première, découvertes et le Tilt du mois avec la mise en avant d’un artiste et sa composition. Tilt Magazine est une aventure de deux ans qui marquera sans aucun doute la carrière du journaliste et animateur tout comme elle marquera la notoriété des artistes de la chanson : Jacques Dutronc, Claude François, Johnny Hallyday, Dalida et tant d’autres. Preuve de la popularité de cette émission, Jimi Hendrix enregistre une prestation live, avec son groupe The Jimi Hendrix experience, pour Tilt (cette session n’aura toutefois pas lieu au Moulin de la Galette mais au théâtre d’Isssy-les-Moulineaux).
Dans le même domaine, on peut également noter l’émission Dents de lait, dents de loup – avec un générique interprété par France Gall et Serge Gainsbourg – qui assoit définitivement le Moulin de la Galette dans l’histoire de la télévision à travers la musique et les chansons.

Avec la fin des années 60, le Moulin de la Galette sera progressivement abandonné par le petit écran même si il reste un lieu adéquat pour les enregistrements de prestations live.
La nécessaire réhabilitation des lieux au milieu des années 70 ne fera que couper le cordon avec la télévision.
Aujourd’hui, le public peut se restaurer dans ce lieu. Dalida y avait d’ailleurs ses habitudes lorsque le moulin accueillait une autre enseigne.
Témoin de cette transition d’un Montmartre rural en un Montmartre festif et populaire, le Moulin de la Galette aura accueilli sur une courte période ce moment de la télévision où elle est devenue un médium de divertissement pour le plus grand nombre.
Photos©Balades télévisuelles