
Métro : Champs Elysée Clemenceau (Ligne 1 ou Ligne 13), Franklin D. Roosevelt (Ligne 1 ou Ligne 3)
Lieu notable : Théâtre Marigny
Le marquis de Marigny, directeur des bâtiments du roi sous Louis XV et à l’origine des réaménagements du lieu, donna son nom à ce carré et à l’avenue qui le jouxte.
Le théâtre Marigny a connu plusieurs vies depuis sa naissance au milieu du XIXème siècle : Le compositeur Jacques Offenbach y créé le théâtre des Bouffes parisiens, l’architecte Charles Garnier y conçoit son panorama puis à la fin dudit siècle l’architecte Edouard-Jean Niermans donne sa forme en rotonde à ce théâtre tel qu’elle est s’offre à notre regard aujourd’hui.
Ce théâtre fut le fruit d’un mariage étonnant avec la télévision sous l’impulsion d’un des pionniers du petit écran : Pierre Sabbagh.
L’idée lui est venu lorsqu’à l’hiver 1965, durant une grève du personnel de l’ORTF, la télévision devait trouver un programme de substitution. C’est la RTB (l’institut de la radio et de la télévision en Belgique) qui fournit alors à la télévision française un programme qui eut un véritable succès d’audience en Belgique. Une pièce de théâtre de boulevard mise en scène spécialement pour la télévision, la Bonne planque, avec en vedette Bourvil. Sa diffusion à la télévision française connaît le même engouement et c’est ainsi que naît l’idée d’un rendez-vous régulier similaire pour la télévision française.
Pierre Sabbagh créé conjointement avec le théâtre Marigny ce programme mettant en avant des pièces de vaudeville avec pour objectif de divertir et d’amuser les téléspectateurs. Ledit théâtre correspondant aux exigences techniques de la télévision tant d’un point de vue de l’image, que du son et de la lumière.

Il s’agit d’une véritable émission puisque la pièce est spécialement mise en scène pour la télévision. Elle prend place dans la salle principale du théâtre Marigny entre les représentations régulières du lieu. Ainsi, les répétitions ont lieu entre le vendredi après-midi et le samedi matin. Puis le samedi après-midi, la pièce est enregistrée dans les conditions du direct c’est-à-dire en une seule prise et avec du public. Comme il est rappelé à ce dernier, celui-ci est installé dans un théâtre mais il se trouve également dans un studio de télévision. Les réactions du public sont importantes et ce dernier est invité à rire, applaudir…franchement quand il le souhaite. L’idée est que le téléspectateur puisse ressentir au mieux cette ambiance.
C’est ainsi qu’en juillet 1966, durant la période estivale où habituellement la télévision offre nombre de rediffusions, qu’Au théâtre ce soir lève son rideau avec la pièce Trois garçons, une fille de Roger Ferdinand.
Le succès se confirme au fur et à mesure des semaines devenant une émission incontournable de l’ORTF puis de TF1. Le téléspectateur se retrouve véritablement avec le public dans le théâtre Marigny grâce à des prises de vue étudiées montrant l’auditoire mais aussi grâce à la captation retranscrivant l’ambiance des lieux. Chaque pièce est mise en scène par une personnalité du théâtre.

De nombreux acteurs deviennent familiers du grand public tels que Maria Pacôme, Jacqueline Maillan, Michel Roux ou bien encore Jacques François.
Un rituel se met en place avec les 3 coups précédant la levée du rideau et puis les salutations des comédiens à la fin de la représentation rappelant immuablement que les « décors sont de Roger Hart et les costumes de Donald Cardwell. ».
Le titre de l’émission fut repris pour d’autres émissions avec Au cinéma ce soir ou Au music hall ce soir qui ne s’inscriront pas dans la mémoire collective comme Au théâtre ce soir.
De la bonne humeur en bonne compagnie, une télévision sans doute marquée par son époque qui prend fin en 1985 sur une première chaîne encore publique.
Si le théâtre Marigny continue sur sa lancée, elle garde en souvenir cette période d’une télévision où le théâtre populaire s’était invité dans une grande part des foyers français.
Photos©Balades télévisuelles