7 rue du Bourg-l’Abbé (Paris 3ème)

Métro : Rambuteau (Ligne 11) ou Etienne Marcel (Ligne 4)
Lieu notable : Ancienne boîte de nuit Les Bains Douches et actuel établissement Les Bains
La dénomination de cette rue est liée à une ancienne dépendance de l’abbé de Saint-Martin

Dans cette petite rue, le bâtiment s’impose presqu’immédiatement au regard des promeneurs tant le grandiose se reflète dès la façade de cet immeuble haussmannien.
C’est Bacchus, la divinité romaine du vin et de l’ivresse, accompagné de deux cariatides qui accueille le visiteur en ces lieux. Le symbole est loin d’être anodin et distille déjà des indices de l’histoire derrière ses murs. Des inscriptions gravées dans la pierre continuent de raconter ce récit et ce destin des « Bains ».


C’est à l’architecte Eugène Ewald que l’on doit l’édification de cet immeuble en 1885 (on lui doit également l’église nouvelle de Saint-François-de-Sales dans le 17ème arrondissement de Paris). Le lieu doit accueillir un projet de thermes, de bains vapeurs et sulfureux de François Auguste Guerbois et de son fils Guerbois qui se nomme tout simplement Bains Guerbois. Le duo est notamment à l’origine du Café Guerbois qui fut un haut lieu de rencontres des intellectuels et artistes de la France du Seconde Empire.


Les Bains Guerbois sont alors une invitation au bien être et aux rencontres du monde parisien. Cette spécificité restera au fur et à mesure du temps le fil rouge du lieu.
Toutefois, c’est près d’un siècle après son avènement que ce bâtiment écrira sa légende. Maurice Marois, propriétaire des lieux cède le bail à Jacques Renault et Fabrice Coat. Les deux hommes deviendront des noms incontournables du monde musical et des nuits parisiennes. C’est ainsi que le 21 décembre 1978, le club les Bains Douches prend officiellement son envol au 7 rue du Bourg-l’Abbé. Une boite de nuit qui raisonne encore aujourd’hui comme le lieu où l’on devait être pour capter l’environnement culturel et détonnant de cette époque. De nombreuses vedettes et DJ de renoms se sont croisés durant ces nuits improbables et extravagantes selon les témoignages de cette période. Témoin du passé, reste notamment une piscine qui fera le bonheur des noctambules et le symbole des Bains Douches.


Le décor est donc planté pour accueillir ce qui sera le premier grand talk-show de Thierry Ardisson : Bains de Minuit. L’animateur a fait ses premiers pas télévisuels sur TF1 avec la productrice Marie-France Brière entre 1985 et 1987 lors de la politique de reconquête de l’audience de la Une sous la présidence d’Hervé Bourges. En 1987, La Cinq, entamant sa deuxième vie avec un nouvel actionnariat, prépare une rentrée offensive contre la première chaîne. Marie-France Brière, en charge des émissions de variétés sur TF1, embarque à destination de La Cinq accompagnée de ses animateurs vedettes. Thierry Ardisson fera donc naturellement parti du voyage et c’est ainsi que le vendredi 18 septembre 1987, Bains de Minuit ouvre l’antenne nocturne de La Cinq sur La Traviata de Giuseppe Verdi. On y découvre une jeune mannequin se dévêtir et plonger dans la fameuse piscine des Bains Douches. Un générique qui fera date.
Thierry Ardisson laisse déjà entrevoir ce qui fera son style dans les décennies suivantes : un mélange des genres et des invités à travers des interviews fuyant un quelconque conformisme. Dès lors, aucun étonnement à voir au sein d’une même émission des personnalités de l’époque du domaine de la musique, de la politique ou bien encore des médias telles que Jacques Chaban-Delmas, Yves Mourousi, Alice Cooper, Simone Veil ou bien encore Philippe Starck, à l’origine du décor de la boite de nuit.

Le décor justement des Bains Douches se prête à merveille pour porter à l’écran cette ambiance spécifique du lieu qui sied parfaitement à l’univers de Thierry Ardisson. Les interviews sont entrecoupés de chroniques et de moments musicaux.
La Cinq peut ainsi se démarquer des autres chaînes. La nuit n’étant pas qu’un robinet à rediffusions ou de quotas d’œuvres françaises à caler dans l’antenne. Néanmoins, La Cinq a vu trop haut et très vite le réalisme de l’audience oblige la chaîne à revoir ses plans. Début 1988, il est mis fin à un grand réseau généraliste pour un canal de complément dont le leitmotiv pouvait se résumer en fictions-info. Dans ces conditions, Bains de Minuit tire sa révérence à la fin de la saison, au mois de juin 1988. Toutefois, l’animateur et producteur reprend la saison suivante la formule sur Antenne 2 à travers l’émission Lunettes noires pour nuits blanches enregistrée dans une autre boite de nuit très tendance Le Palace.  

Quant aux Bains Douches, les folles nuits parisiennes continueront au gré des années 90 et 2000. L’aventure prendra fin en 2011 lorsque Jean-Pierre Marois, fils de Maurice Marois, récupère le lieu dans un état de délabrement tel qu’il n’était plus possible de continuer sur cette lancée. Le 7 rue du Bourg-l’Abbé est ainsi réhabilité et transformé en un hôtel de luxe avec une trace assumée de ce passé telle son club où les événements ont repris de leur verve mais également la fameuse piscine.

Photos©Balades télévisuelles

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