Métro : Champs Elysée Clemenceau (Ligne 1 ou Ligne 13), Franklin D. Roosevelt (Ligne 1 ou Ligne 3)
Lieu notable : Ancien emplacement du Centre Devèze de la télévision
La rue doit son nom à la place François Ier qui se situe à proximité. Sur cette même place se situait la maison dite François Ier, du nom du roi de France du XVIème siècle. Cette demeure eut un destin singulier puisqu’ayant été déplacée au XIXème siècle entre la ville de Moret-sur-Loing en Seine et Marne (où elle fut édifiée au XVIème siècle) et au milieu du XXième siècle lorsque sa façade retourna dans sa ville d’origine

La rue François Ier voit le jour durant le Second Empire. Pour les auditeurs de radio, la rue François Ier évoquera surtout l’âge d’or d’Europe 1 dont le siège et les studios se situaient dans cette artère. Le quartier était un véritable centre radiophonique avec non loin, rue Bayard, la station RTL. Au 11 rue François Ier, ce fut durant les années 30 le siège de Radio-Paris.

C’est en effet dans cet immeuble que la radio nationalisée connaîtra son âge d’or avant de sombrer dans la propagande collaborationniste lors de l’occupation nazie durant la seconde guerre mondiale. Ce sera d’ailleurs l’occasion pour cette nouvelle Radio-Paris de s’installer dans les anciens locaux du Poste parisien, avenue des Champs-Elysées.
Cette spécificité radiophonique de l’immeuble reprendra le cours de son existence après la guerre. La toute jeune RDF prendra possession des lieux qui prendront le nom de Centre François Devèze. Ce dernier était un ingénieur des PTT et fut à l’origine d’un réseau de radiodiffusion clandestin pendant la guerre. Le camp de concentration de Buchenwald lui fut malheureusement fatal. Lors de l’inauguration du centre, une plaque est alors apposée sur l’immeuble en mémoire de l’ingénieur.

Dans un premier temps, le centre François Devèze accueille donc les activités radiophoniques de la RDF puis de la RTF avant que la Maison de la Radio n’ouvre ses portes à la fin de l’année 1963.
Par la suite la RTF devenue ORTF en fait un lieu de télévision. C’est déjà avec l’information que le 11 rue François Ier s’inscrira dans l’histoire de la télévision et plus particulièrement lors des événements de mai 1968 pendant lesquels la France connaît un mouvement de grève général sans précédent. L’ORTF rejoint le mouvement notamment en ce qui concerne son centre névralgique pour la télévision située rue Cognacq-Jay. Dans ce contexte, il apparaissait compliqué de pouvoir proposer un journal télévisé conforme avec « la voix de la France » construit avec un personnel non-gréviste ou réquisitionné. Le contexte est particulièrement lourd notamment au regard du plan « Stentor » mis en place avec le contrôle des émetteurs par l’armée. C’est ainsi que le centre François Devèze, protégé des différents mouvements de grève et de protestation, deviendra le lieu de production de certains journaux télévisés durant cette période de transition pour la France. Les témoignages d’alors semblent décrire un lieu moins adapté en termes techniques que l’illustre centre Alfred Lelluch.

En 1975, la toute jeune FR3, installe sa rédaction dans cet hôtel particulier. Sur la façade s’affiche ainsi fièrement le fameux logo œil créé par Gérard Marinelli pour la 3^ème chaîne. L’idée, depuis l’éclatement de l’ORTF, est que chaque chaîne de télévision gagne en indépendance. Cela doit se concrétiser également par une autonomie marquée des locaux.
Au début de son histoire, FR3 est très discrète sur le terrain de l’information en comparaison de ses deux ainées, TF1 et Antenne 2. La chaîne ne dispose pas des mêmes moyens ni du même cahier des charges. Emettant quotidiennement uniquement en soirée à partir de 19h, la 3^ème chaîne est la chaîne des régions et du cinéma. Chaîne des régions, elle consacre, à ses débuts, 30 minutes d’antennes quotidiennes aux décrochages vers les bureaux régionaux. Ainsi, les téléspectateurs visionneront un programme marqué par la proximité en fonction de leur domiciliation régionale. Concernant le cinéma, 4 films sont diffusés chaque semaine. L’information nationale reste à l’écart dans un premier temps avec 5 minutes d’actualités quotidiennes. C’est en 1978, sous l’égide de son directeur de l’information, Jean-Marie Cavada, qu’FR3 lancera depuis le centre François Devèze ce qui fera sa marque et son style : le Soir 3.
La 3^ème chaîne ne peut et ne souhaite pas proposer la grand-messe de 20 heures comme les deux autres chaînes. Elle diffuse donc quotidiennement un journal de dix minutes à 19h mais surtout vers 22 heures un journal de 30 minutes. L’horaire permet de prendre du recul sur les informations diffusées en début de soirée. Cette heure tardive permet également de faire le relais avec, décalage horaire oblige, le reste du monde. Le journal connaîtra une grande aventure de près de 40 ans avant de faire ses adieux, dans d’autres studios mais sur cette même chaîne, le 25 août 2019.
FR3 quittera le 11 rue François Ier au milieu des années 80 pour des locaux situés à quelques pas au 28 cours Albert Ier.

Photos©Balades télévisuelles