35 quai André Citroën (Paris 15ème)

Métro : Javel André-Citroën (Ligne 10)
RER : Javel (RER C)
Lieu notable : Ancien siège de La Sept
De 1915 à 1974, on trouvait ici les usines de la société automobiles Citroën. Ce Quai est donc un hommage au fondateur de cette société française.

C’est un lieu assez froid et impersonnel avec une entrée qui n’a rien de très avenant. Difficile d’imaginer que la première vie de la chaîne Arte s’est construite ici. Une plaque qui semble défier les décennies est pourtant toujours bien là, oubliée de tous mais indiquant bien involontairement le passé culturel de cette adresse. En regardant de plus près, nous pouvons voir inscrit «La Sept» et les contours du logo de la chaîne semblent refaire surface. C’est dans la tour Cosmos de trois étages, construite en 1977, que La Sept a écrit le premier chapitre de son histoire.

C’est une histoire fascinante et tumultueuse qui distingue très nettement La Sept des autres chaînes de télévision. Née en plein essor des chaînes commerciales des années 80, elle restera bien à l’écart de ces guerres télévisuelles.

La Sept aurait pu s’appeler Canal+ ou bien La Cinq tant le projet sommeillait dans les cartons de la gauche depuis son arrivée au pouvoir en 1981. A l’origine, l’idée était de créer une chaîne de télévision publique à vocation culturelle. Une idée généreuse envisagée au départ pour le quatrième réseau mais abandonnée au profit de la première chaîne privée axée sur le cinéma. Avec les créations de la cinquième et de la sixième chaîne, l’idée d’une chaîne culturelle refait surface mais là aussi, la logique budgétaire prend le dessus. Il apparait alors compliqué d’installer une chaîne culturelle sur un réseau hertzien sans augmentation de la redevance audiovisuelle. Comme une rédemption, La Sept voit finalement le jour le 27 février 1986 au même moment où sont lancées La Cinq et TV6. Une première équipe se met en place autour de Bernard Faivre d’Arcier, connu notamment alors pour avoir été le directeur du Festival d’Avignon.

Pourquoi la Sept ? Un acronyme signifiant Société d’édition de programmes de télévisions et sans doute un bon prétexte pour bien souligner cette vocation de septième chaîne française. Au début, La Sept n’est pas vraiment une chaîne de télévision mais plus une unité de production, un laboratoire en vue de faire éclore cette fameuse chaîne culturelle. En ligne de mire, c’est le lancement du satellite français TDF1 qui doit permettre à la société de passer de la production à la diffusion. A l’automne 1986, l’historien Georges Dubuy reprend les rênes de ce projet à contre-courant de la vie audiovisuelle de l’époque où déjà s’annonce la privatisation de TF1 et de la réattribution de la cinquième et de la sixième chaîne, le tout pour un «mieux disant culturel».

Le «mieux disant culturel», on le retrouve certainement dans l’ADN de La Sept et pour cela elle doit se faire connaître. Outre l’État, parmi les actionnaires de la société se trouve la chaîne FR3 et c’est donc assez logiquement que la troisième chaîne ouvre son antenne à La Sept. Les premiers pas de diffusion ont lieu le 8 mai 1987 sur FR3 pour une journée thématique autour du «jeu, plaisir et de la création». Une date qui n’est sans doute pas choisi au hasard, à la veille de la journée de l’Europe, pour une structure appelée à devenir européenne. Deux autres dates suivront les 8 juin et 26 juillet. La Sept n’est pas encore une véritable chaîne de télévision mais ces diffusions constituent un premier test de ce qu’elle pourrait devenir. Les audiences sont minimes mais lui permettent déjà d’exister.

L’objectif reste le même, devenir une chaine à part entière grâce au satellite TDF1 néanmoins le projet prend du retard. Il est envisagé un temps de fusionner La Sept avec TV5 (sans suite) mais la future chaîne culturelle continue son aventure avec FR3 avec la production d’émissions comme Océaniques.

L’année 1989 marque un tournant avec l’arrivée de Jérôme Clément en tant que président du directoire de ce qui est dorénavant la Société européenne de programme de télévision. La Sept marque ainsi sa volonté d’inscrire son aventure à travers des accords avec des sociétés de télévision européennes à commencer par la chaîne allemande ZDF. Le 31 mai de cette même année, la chaîne est enfin lancée sur le satellite TDF1 et sur le câble mais le public reste très restreint compte tenu de ces modes de diffusion à la fois coûteux et mal développés auprès du grand public. Jérôme Clément souhaite alors que La Sept devienne véritablement la septième chaîne par l’octroi d’un canal sur le réseau hertzien. L’idée ne verra pas le jour mais la Sept consolidera malgré tout sa présence auprès des téléspectateurs par le biais d’une diffusion hebdomadaire le samedi après-midi et le samedi soir sur FR3 à partir de février 1990. «La Sept sur FR3» est une chaîne dans la chaîne et brouille un peu plus l’image de la troisième chaîne entre chaîne populaire, chaîne à vocation régionale et chaîne culturelle. Petite concession pour La Sept, ses programmes s’interrompent de 19h à 20h sur cette case du samedi pour laisser la place au 19/20 d’FR3.

A travers cette diffusion, le public se familiarise avec ce qui deviendra plus tard une véritable chaîne hertzienne. Les premières émissions phares de la chaîne, Mégamix, Le dessous des cartes ou bien encore Histoires parallèles, trouvent un écho et permettent de de proposer une contre-programmation bien singulière dans le paysage audiovisuel français.

L’histoire de ce paysage audiovisuel français rejoindra l’histoire européenne pour donner à La Sept une nouvelle impulsion déterminante pour son existence. Le déménagement de la société avenue Théophile Gautier symbolisera cette évolution.

Photos©Balades télévisuelles

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