
Métro : Saint-Germain-des-Prés (Ligne 4)
Lieu notable : Ancien siège de la CNCL
Cette rue doit son nom à l’autel que souhaitait établir la Reine Marguerite de Valois en l’honneur de la figure biblique Jacob. Ce vœu pris la forme de l’ancien couvent des Petits-Augustins situé à proximité au 14 rue Bonaparte
L’Histoire s’est écrite en ces lieux à l’époque où le bâtiment était connu sous le nom d’Hôtel d’York. C’est en effet ici que fut signé le 3 septembre 1783 le Traité de Paris reconnaissant l’indépendance des Etats-Unis d’Amérique. La façade garde les traces de l’ancienne imprimerie Firmin Didot en charge notamment de l’impression des assignats sous la Révolution française.
Pour la télévision française c’est la CNCL, qui, malgré sa courte existence, marquera en ces lieux la mue de ce médium durant les années 80. La CNCL est la deuxième autorité indépendante (succédant à la Haute Autorité de la communication audiovisuelle) et qui a pour fonction de réguler les activités de l’audiovisuel en France.
En 1986, la droite revient au pouvoir créant par la même occasion la première cohabitation sous la Vème République. Concernant la politique audiovisuelle, le nouveau Gouvernement souhaite insuffler plus de libéralisme et couper un peu plus le cordon qui lie l’Etat aux différents groupes audiovisuels.
Un organe est donc chargé d’accompagner cette politique, la CNCL. Sa composition se rapproche de celle de la Haut Autorité de la communication audiovisuelle avec deux membres nommés par le Président de la République, deux par le Président de l’Assemblée nationale et deux par le Président du Sénat. A cela s’ajoutent quatre membres nommés par le Conseil d’Etat, la Cour de cassation, la Cour des Comptes et l’Académie française. Enfin trois membres issus de l’audiovisuel, des télécommunications et de la presse écrite nommés par les dix premiers membres.

C’est avec la loi du 30 septembre 1986 que la CNCL est installée avec à sa présidence Gabriel de Broglie.
Avec des pouvoirs étendus, en comparaison de l’organe qui l’a précédée, la première grande mission de la CNCL est de réattribuer les concessions de la cinquième et de la sixième chaîne. L’idée étant de donner plus de transparence à l’attribution de ces réseaux.
C’est donc au 56 rue Jacob qu’ont lieu les auditions des différents candidats à la reprise de ces différentes chaînes au début de l’année 1987.
Du côté de la cinquième chaîne, Robert Hersant s’allie avec le groupe Berlusconi ce qui donne l’idée de continuité à La Cinq. Face à eux, l’homme d’affaires Jimmy Goldsmith présent également un projet de chaîne généraliste.
Quant à la sixième chaîne, TV6 propose sa candidature à sa propre succession. Elle se trouve en concurrence face aux projets Télé Fiction Musique mais surtout Métropole Télévision emmenée par la CLT et La Lyonnaise des eaux.
Ces auditions publiques sont une première et appuient la volonté d’une plus grande transparence affichée par le nouvel exécutif.
Le 23 février 1987 reste une date importante pour la CNCL mais également pour l’audiovisuel français. C’est en effet à cette date que le duo Robert Hersant et Silvio Berlusconi se voient octroyer une concession de service public pour le cinquième réseau. Concrètement cela signifie une poursuite de l’aventure de La Cinq mais sous une forme plus offensive et sans doute plus en accord avec la couleur politique du moment.
Quant à la sixième chaîne, elle est confiée à la CLT et à la Lyonnaise des Eaux pour le projet Métropole Télévision qui prendra le nom de M6. Même si elle n’avait pas démérité, TV6 n’a donc plus que quelques jours à vivre. Les animateurs de la chaîne ne se priveront pas à l’antenne de dire tout le « bien » qu’ils pensent de cette décision.
Le 23 février 1987 est également la date butoir pour les candidats à la reprise de TF1 dans le cadre de la privatisation de la chaîne qui fut décidée par une loi votée le 30 septembre de l’année précédente.
Après plusieurs rebondissements, deux groupes se feront face devant la CNCL pour tenter de convaincre la commission. Le groupe Bouygues et ses partenaires tout d’abord qui ont déposé leur dossier en début de soirée de ce 23 février. Et ensuite le groupe Hachette et ses partenaires qui auront fait durer le suspense en validant officiellement leur candidature vers 23h30 soit une demi-heure avant la clôture.
Le 3 avril 1987 c’est le grand jour à la CNCL mais également pour les téléspectateurs de TF1. En effet, les auditions des deux groupes sont retransmises en direct sur la première chaîne. Durant la matinée c’est Jean-Luc Lagardère (Hachette) et ses collaborateurs qui mettent en avant leurs arguments pour la reprise de TF1. Francis Bouygues (Bouygues) et ses partenaires quant à eux interviennent l’après-midi pour défendre leur candidature. Et le 4 avril 1987, en fin de matinée, la CNCL désigne officiellement le groupe Bouygues pour TF1. La CNCL sera remplacée le 17 janvier 1989 par le CSA. A peine 3 ans d’existence et pourtant ses décisions auront eu une incidence certaine sur l’Histoire de la télévision. Les groupes TF1 et M6 en sont sans doute aujourd’hui encore les meilleurs exemples.
Photos©Balades télévisuelles