
Métro : Franklin D. Roosevelt (Ligne 1 et Ligne 9) ou Alma Marceau (Ligne 9)
Lieu notable : Ancien siège d’Antenne 2 puis de France 2
Cette avenue est un hommage au philosophe Michel de Montaigne.
Nous voici sur la très chic avenue Montaigne. Difficile d’imaginer qu’au numéro 22, cette adresse a été un lieu incontournable de notre télévision. Partons quelques années en arrière…
La fin de l’ORTF en 1975 ne signifie pas pour autant une rupture complète entre les chaînes de télévision. TF1 et Antenne 2 continuent de partager, pendant un temps, les locaux de la rue Cognacq-Jay. Toutefois, il est nécessaire que la deuxième chaîne prenne son indépendance et puisse regrouper ses différents services éparpillés dans la capitale. Dans un premier temps, il est envisagé que la chaîne s’installe Pont de Neuilly mais faute d’obtention du permis de construire par le promoteur immobilier, le projet ne voit pas le jour.

Le 5 mars 1981, sous la présidence de Maurice Ulrich, il est décidé qu’Antenne 2 établira son nouveau siège et sa rédaction au 22 avenue Montaigne. Ce choix est motivé par la proximité du Grand palais où devait prendre place le centre international de la presse. La situation géographique permet également de se rapprocher du monde culturel, politique et économique des différents acteurs du pays.
Enfin l’avenue Montaigne est symbolique. Il s’agit de l’artère des grands créateurs situé dans le triangle d’or de Paris. Ce côté chic peut être un reflet de ce qu’est alors en train de devenir Antenne 2. La chaîne leader en termes d’audiences mais aussi celle qui se dessine un avenir de chaîne privatisable. Hasard des chiffres, la nouvelle adresse se situe au numéro 22. C’est un immeuble construit en 1959, auparavant le siège du groupe pharmaceutique Rhône-Poulenc, qui accueille la chaîne publique.
C’est ainsi qu’en octobre 1984 que la rédaction de la deuxième chaîne traverse la Seine pour s’installer dans ses nouveaux locaux. Les journaux télévisés, les magazines du matin (Télématin et Matin Bonheur), certaines émissions jeunesses (RécréA2), des émissions culturelles (Bouillon de Culture, etc.) sont produites depuis les studios 20 et 40 de l’avenue Montaigne.
L’adresse sera mise à l’honneur dans certaines émissions comme Paris, 22 avenue Montaigne menée par Jacques Chancel à l’occasion de trois émissions nocturnes comme une vitrine étincelante de la chaîne. De même l’émission Tout, tout sur antenne 2 qui dévoile les coulisses de la chaîne.
Pendant plus de 10 ans, le lieu connaîtra les différentes évolutions de la chaîne publique. Sa domination au niveau des audiences puis son déclin face à TF1 conquérante jusqu’à son rapprochement avec FR3. Il s’agit alors d’harmoniser les programmes des deux chaînes du service public et de contrer la concurrence réelle des 3 grandes chaînes privées : TF1, La Cinq et M6.
Ainsi en septembre 1992, Antenne 2 devient France 2 et compose avec France 3 le groupe de télévision du service public. Sur l’avenue Montaigne, le nouveau logo tout en rouge s’affiche fièrement sur la façade du bâtiment rappelant ainsi que la première chaîne de télévision ne sera plus la seule à reprendre les couleurs du drapeau national au sein de son sigle (France 3 adoptant alors la couleur bleu). La chaîne rappelle également, par ce changement de dénomination, que le service public remonte dans les audiences et reprend des couleurs au sens propre comme au sens figuré.

Si en 1992 France Télévision n’a pas d’entité juridique et ne constitue qu’un affichage de la présidence commune des deux chaînes publiques, leur rapprochement géographique est déjà envisagé par le premier président de ce groupement Hervé Bourges. Mais c’est sous la présidence de Jean-Pierre Elkabach, lors des conseils d’administration de France 2 et France 3 en avril 1995, qu’est décidée la mise en œuvre du nouveau siège social du groupe dans un immeuble flambant neuf dans le XVème arrondissement de Paris.
France 2 n’oublie pas pour autant ses racines et comme un symbole, le 1er février 1995, le studio 20 des journaux télévisés prend le nom de Pierre Sabbagh. Le journaliste disparu quelques mois auparavant, le 30 septembre 1994, fut l’un des pionniers de ces rendez-vous d’information incontournables de la télévision. Il fut également directeur général de la deuxième chaîne de l’ORTF – dont France 2 est l’héritière directe – de 1971 à 1974. C’est depuis ce studio que, le 14 août 1998, le journal de 20 heures de Benoît Duquesne et le bulletin météo de Patrice Drevet ferment officiellement les portes de l’avenue Montaigne. Une page se tourne celle de l’éclatement de l’ORTF où les chaînes publiques devaient entrer en concurrence et voir leur destin se muer en sociétés privatisables. Celle du service public devenu l’ombre de lui-même lors de l’avènement des chaînes privées au milieu des années 80. Mais c’est aussi un nouveau départ pour une reconquête et une consolidation de l’audiovisuel public qui prendra la forme de France Télévisions.
Après le départ de France 2, le 22 avenue Montaigne a définitivement coupé son lien avec l’univers de la télévision puisqu’elle est devenue le siège social d’un grand groupe dans le domaine du luxe.
Photos©Balades télévisuelles