
Métro : Ternes (Ligne 2)
Lieu notable : Décors de l’émission Apostrophes
La dénomination de cette avenue renvoie à l’ancien village des Ternes qui occupait ces lieux
Replongeons-nous au début du XXème siècle et plus exactement en 1912 date de création de ce bâtiment, œuvre de l’architecte de Marcel Oudin.
En haut de la coupole, nous pouvons lire : Magasin réunis Etoile. C’est en effet ici que fut installée une des adresses de cette chaîne de grands magasins qui a vu le jour à Nancy à la fin du XIXème siècle. Il s’agit de la seconde adresse parisienne après celle située à Montparnasse. Au début des années 1980, l’enseigne Printemps reprends le magasin puis en 1991 c’est la Fnac qui s’y installe avec une particularité liée à l’émission Apostrophes.

Succédant à Ouvrez les guillemets sur la première chaîne de l’ORTF, Apostrophes fut l’émission littéraire emblématique de son créateur et journaliste, Bernard Pivot. Ce rendez-vous hebdomadaire débuta à la création d’Antenne 2 au mois de janvier 1975. Pendant un peu plus d’une heure, en direct et en deuxième partie de soirée, Apostrophes proposait chaque vendredi un débat thématique entre plusieurs écrivains ou bien un portrait spécifique. C’était l’occasion d’échanges entre des écrivains français et étrangers à travers l’actualité littéraire. Parmi les invités, il y eut également des artistes musicaux, des journalistes ainsi que des personnalités politiques. Elle reste jusqu’aujourd’hui comme une émission de référence et comme un pari audacieux à une heure de grande écoute. Se replonger dans Apostrophes c’est parcourir les années 70 et les années 80 avec leurs figures, leur histoire. L’émission fut l’occasion de débats passionnés et passionnants même s’il y eut des loupés. Pour autant, il fut audacieux de mettre à l’antenne une telle émission sur une grande chaîne nationale.

L’émission fut-elle enregistrée au sein de la Fnac ?
Il doit être répondu par la négative puisqu’Apostrophes a fermé ses portes au mois de juin 1990 et qu’elle fut tournée en direct depuis le studio 4 du 13-15 rue Cognacq-Jay puis du studio Pierres Desgraupes au 22 avenue Montaigne.
C’est bien autre chose qui lie le magasin avec l’émission. En effet si vous vous rendez au 4ème étage de l’enseigne vous pourrez voir les décors d’Apostrophes : les bibliothèques blanches avec des livres neutres. Ces éléments furent créés par Michel Millecamps. Le décorateur est également à l’origine de nombreuses compositions pour des émissions de la deuxième chaîne telles que Thé ou Café ou bien encore Envoyé spécial.
Ces fameuses bibliothèques furent mises en place lors de l’émission du 4 septembre 1987 succédant aux panneaux à la façon d’une livre que l’on feuillette. La date n’est sans doute pas neutre puisqu’elle correspond à la première rentrée télévisuelle de TF1 privatisée, de M6 et de La Cinq version Hersant. En d’autres termes, ce sont les véritables débuts de la concurrence télévisuelle entre les chaînes privées et les chaînes publiques.

Pourquoi ces décors se retrouvent-ils à la Fnac ? Peut-être que l’explication est à rechercher avec l’émission de Bernard Pivot qui débuta en 1991, Bouillon de Culture, dont la Fnac était le sponsor. Peut-être également un clin d’œil au journaliste qui habitait au 7 avenue Niel juste en face de l’autre partie du bâtiment. Ne manqueraient sans doute que le fauteuils Starck partie intégrante également de ce décor pour pouvoir apprécier au mieux cette bibliothéque.
La bibliothèque fut particulièrement mise à l’honneur avec un grand nombre de livres factices lors de la dernière émission le 22 juin 1990. Quant à Michel Millecamps, il reçut le 7 d’or du meilleur décorateur cette même année. Une autre partie de ces décors furent vendus en 2017 à l’occasion d’une vente aux enchères.

Un petit conseil pour vous remettre dans l’ambiance, calez sur vos oreilles le concerto pour piano n°1 de Rachmaninov. Vous voilà assurément replongé plusieurs décennies en arrière avec ce qui fut l’indicatif musical de cette émission.
Photos©Balades télévisuelles
