Métro : Jules Joffrin (Ligne 12),  Lamarck-Caulaincourt (Ligne 12)
Lieu notable : Anciens studios Francœur
La rue porte le nom de Louis-Benjamin Francœur, mathématicien qui vécut de 1773 à 1849

Au pied de la butte Montmartre, s’est écrit un des chapitres les plus importants de l’histoire du cinéma dans les studios Francœur. Le cinéma et la télévision, une histoire parallèle mais qui s’entremêle également dans ce lieu incontournable. La devanture du bâtiment rappelle ainsi ce passé prestigieux.

L’histoire de ce bâtiment reste intimement lié à celle de Bernard Natan. L’homme, issu d’une famille juive roumaine, débarque à Paris en 1906. Il combat pour la France durant la Grande Guerre et au sortir de ce drame humain, il est naturalisé français. Commence alors une incroyable ascension sous le signe du 7ème art. Il fonde ainsi la société cinématographique Rapid Film chargée du développement des films puis de la production de ces œuvres. En 1926, il acquiert à cet effet un hôtel particulier, construit à la fin du siècle précédent, situé 6 rue Francœur. Deux studios de tournage sont ainsi mis en place et le lieu devient un des grands centres de production du cinéma français. Le succès est tel qu’il rachète en 1929 l’un des pionniers en la matière : Pathé. A cette période, il ne reste qu’un nom de prestige mais la nouvelle société, Pathé-Natan, écrira ce nouveau récit sous le signe de la modernité. C’est en effet Pathé-Natan qui produira en 1929 le premier film parlant du cinéma français Les trois masques.
La crise économique et financière passera par là et fin 1935, la société doit se déclarer en faillite. Elle renaîtra par la suite grâce à certaines de ses branches économiques.
Par contre, Bernard Natan connaîtra une fin tragique sur fond d’antisémitisme en étant arrêté à la fin des années 30 puis en étant déporté vers le camp d’extermination d’Auschwitz où il mourra.

Les studios Francœur continueront leur existence après la seconde guerre mondiale et toujours sous l’égide de la société Pathé.
La télévision investira également ces studios pour tourner des émissions de télévision ou certaines dramatiques. Les studios du centre Alfred Lelluch, rue Cognacq-Jay, devenant insuffisants pour ce type de programme et les studios du centre René Barthélemy au Buttes Chaumont n’étant pas nécessairement disponibles. Ainsi, les studios Francœur accueilleront le tournage de la tragédie grecque Les Perses d’Eschyle diffusé le 31 octobre 1961 sur l’unique chaîne de la télévision de la RTF. Cette retransmission aura la particularité d’être diffusée également en simultané et en stéréo sur la chaîne de radio France 4 (actuelle France Musique et à ne pas confondre avec la chaîne de télévision éponyme). Cyrano de Bergerac diffusé sur l’unique chaîne de la RTF en 1960 sera également tourné en partie dans ces studios.
A partir de 1984, une douce mélodie s’installe rue Francœur pour donner sa Chance aux chansons. L’émission emblématique de Pascal Sevran s’installe pour ici pour certaines émission et met ainsi en avant la chanson française pendant près de 20 ans sur TF1 et Antenne2/France2.
Peuvent être également cités les émissions de jazz Modern Jazz de Jean-Christophe Averty ou bien encore Jazz Session de Bernard Lion. Danièle Gilbert et son Midi Première diffusée sur TF1 connaîtront également de manière très ponctuelle la rue Francœur lorsque le Studio 101 de la Maison de la Radio ne sera pas disponible ou lorsqu’elle ne fera pas de direct en extérieur.

C’est néanmoins par le biais du cinéma que ces studios deviendront une référence dans l’histoire moderne des médias. Le dernier film a avoir été tourné au sein de ces studios fut l’Amant de Jean-Jaques Annaud en 1992.
A la fin des années 90, l’Ecola nationale supérieure des métiers de l’image et du son ou la FEMIS s’y installe permettant de continuer à écrire cette histoire.

Photos©Balades télévisuelles