35 rue Marbeuf (Paris 8ème)

Métro  : Francklin D. Roosevelt (Ligne 1 ou Ligne 9) ou George V (Ligne 1)
Lieu notable : Ancien siège de Procidis 
A la fin du XVIIIème siècle, la marquise de Marbeuf aménagea non loin de cette rue son jardin ou folie Marbeuf qui donne son nom à cette rue.

« La vie, la vie, la vie…et voici la vie… ». Sans doute que le jeune public des années 80 se souvient encore de ces paroles du générique du dessin animé Il était une fois…la Vie. Notre balade du jour vous propose de revenir sur les pas de la société de production Procidis, à l’origine de cette série, et de son créateur Albert Barillé. 
C’est en 1962 que Procidis voit le jour. Fondé par Albert Barillé, la société produit et distribue des films mais c’est bien dans le domaine de la jeunesse que la petite entreprise indépendante se fera un nom à commencer par l’ours Collargol sur la deuxième chaîne de l’ORTF. Si « l’ours qui chante en fa, en sol » n’est pas une création originale c’est néanmoins Albert Barillé qui lui donne vie sur le petit écran à travers une co-production franco-polonaise. 
Mais c’est à la fin des années 70 que Procidis marquera véritablement à la fois l’histoire de la télévision mais également celle de l’animation française. Albert Barillé souhaite proposer des programmes ludo-éducatifs au jeune public. C’est-à-dire un divertissement qui puisse leur apporter des connaissances sur le monde qui les entoure. Un pari aussi audacieux que vertueux qui prendra forme ici rue Marbeuf où se constitue l’équipe de Procidis. 
C’est la rencontre avec une autre grande personnalité de la télévision, Hélène Fatou, que le projet se concrétisera à l’écran. Cette dernière est la directrice de l’unité jeunesse de FR3 dès sa création en 1975. Pour elle, le respect du jeune public est primordial tout en soutenant leur communication avec les adultes. C’est donc en toute logique que Procidis et FR3 entameront une collaboration en adéquation avec les objectifs du service public. 


Albert Barillé doit constituer son équipe pour lancer la production de sa première grande série animée.  C’est une véritable « Dream Team » de l’animation qui se met en place. Albert Barillé fait appel à Bernard Deyriès qui a fondé à Tours avec Jean Chalopin les studios DIC (à qui l’on devra de grands succès de l’animation durant les années 80). Bernard Deyriès présente un de ses anciens élèves de l’école de dessin Brassart, Jean Barbaud. Ce dernier sera à l’origine de la création graphique des personnages d’Il était une fois…l’Homme et de toutes les autres séries estampillées Il était une fois. Avec son épouse, Afroula Hadjiyannakis, coloriste, ils créeront un univers qui deviendra rapidement familier aux téléspectateurs. On retrouvera également dans ces productions des noms liés à la production animée mais aussi à l’imaginaire tels que René Borg ou Manchu.
Les studios de Tours sont mis à contribution mais également le fameux studio japonais Tatsunoko où se fera le process d’animation. Compte tenu de l’ampleur du projet, outre FR3, d’autres sociétés de télévision (Société Radio-Canada, RAI, RTB, etc.) financeront cette première série animée de Procidis. On imagine les échanges et les réunions qui ont dû avoir lieu rue Marbeuf pour créer ce qui allait être par la suite un jalon dans l’histoire des programmes jeunesse. 
C’est ainsi que le 30 septembre 1978, Il était une fois…l’Homme inaugure la fameuse case quotidienne de 19h55 d’FR3 avec la Toccata et fugue en ré mineur de Jean-Sébastien Bach et le premier logo de Procidis clin d’oeil à Collargol. L’idée est qu’un épisode soit ainsi proposé au jeune public du lundi au vendredi par tranche de 5 minutes. L’épisode n’est diffusé dans son intégralité que le samedi en fin de journée. Cette tranche horaire sera indissociable de l’histoire de la 3ème chaîne créant un rendez-vous unique qui reste encore dans les mémoires.

Le succès est au rendez-vous et 6 autres séries vont voir le jour entre 1982 et 2008 avec Il était une fois…L’Espace, La Vie, les Amériques, les Découvreurs, les Explorateurs et Notre Terre. On retrouve la même équipe avec également le compositeur Michel Legrand qui créera les différentes musiques de ces œuvres et bien entendu l’iconique Maestro avec la voix de Roger Carel. Dans chacune de ces séries on retrouve les mêmes personnages (Pierrot, Teigneux etc.) qui sont des points de repères intemporels à ces récits. Les différentes séries sont diffusées dans plus de 100 pays et elles deviennent un appui pédagogique dans la scolarité des enfants notamment par le biais de produits dérivés (à l’image de la figurine Oscar à travers la collection en kiosque d’Il était une fois…La Vie).

Le 5 février 2009, Albert Barillé décède laissant derrière lui une œuvre singulière. Hélène Barillé, veuve du créateur des séries Il était une fois…, deviendra présidente de la société. 2 ans plus tard, Procidis quitte son siège rue Marbeuf pour s’installer à Neuilly-sur-Seine. L’histoire de Procidis continuera sur sa belle lancée avec le lancement d’Il était une fois…ces Drôles d’objet en 2024. Au mois de septembre de cette même année, la société est rachetée par le groupe de production audiovisuel Banijay. A la fin de cette année, l’entreprise s’installe au 23-25 rue de Berri, non loin de son siège historique où tout avait commencé quelques décennies plus tôt.  

Photos©Balades télévisuelles

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