100 avenue Raymond Poincaré (Paris 16ème)

Métro : Victor Hugo (Ligne 2)
Lieu notable : Anciens bureaux de la Haute autorité de la communication audiovisuelle
C’est en hommage au Président de la République française, Raymond Poincaré, entre 1913 et 1920, que cette artère prit le nom

Cet hôtel particulier fut construit à la même période que l’avenue sur laquelle notre balade nous conduit à présent c’est-à-dire dans la seconde moitié du XIXème siècle au moment de l’intégration de la commune de Passy à la ville de Paris. Sur la façade semble d’ailleurs se détacher des motifs décoratifs Art nouveau.

C’est dans ce lieu cossu que la première autorité indépendante de régulation de l’audiovisuelle s’installe. Lorsque la novelle majorité exécutive et législative arrive au pouvoir en 1981, en matière d’audiovisuelle, l’idée matrice était de garantir une plus grande indépendance à l’audiovisuel en France. Ainsi, une commission présidée par le futur académicien Pierre Moinot est nommée par le Premier ministre afin d’apporter ses réflexions et ses propositions sur cette thématique. Ce sera chose faite le 30 septembre 1981 à travers le rapport de ladite commission « Pour une réforme de l’audiovisuel » dont la Haute autorité de la communication audiovisuelle est la clé de voute.

La loi du 29 juillet 1982 sur la communication audiovisuelle instaure cette autorité chargée « notamment de garantir l’indépendance du service public de la radiodiffusion sonore et de la télévision » et, entre autres, de désigner également « les présidents des sociétés de radiodiffusion sonore et de télévision ». Une évolution majeure à l’aune de la transition télévisuelle des années 80.

Sa composition se calque sur celle du Conseil constitutionnel puisque 3 membres sont nommés par le Président de la République, 3 membres par le Président du Sénat et 3 membres par le Président de l’Assemblée nationale. Quant au Président de cet organisme, il est nommé directement par le Président de la République. C’est la journaliste Michèle Cotta qui sera et deviendra l’unique président de la Haute autorité de la communication audiovisuelle.

Dans ses premiers mois la Haut autorité siègera à la maison de la Radio avant de s’installer définitivement ici au mois de novembre 1982.

Fait nouveau, la Haute autorité nomme les présidents des trois chaines de télévision publique rompant ainsi avec une nomination (et donc une dépendance) directe avec le pouvoir. Certaines de ces nominations auront un impact significatif dans la suite de l’histoire de la télévision, on pourra songer notamment à celle d’Hervé Bourges à la tête de TF1 en juillet 1983. Cette nomination sera à l’origine d’une transition d’une chaîne publique à une chaîne commerciale privatisée.

La Haute autorité n’hésitera pas à afficher son indépendance du pouvoir notamment lorsqu’en janvier 1986, elle rendra un avis critique sur le cahier des charges de la société France 5, en charge de La Cinq, avec, selon elle, des avantages « excessifs ». L’exécutif passera néanmoins outre cet avis en lançant dans la foulée la cinquième chaîne de télévision. Cette même année, le pouvoir législatif change avec la première cohabitation de l’histoire de la Vème République. La droite souhaite également apporter sa pierre à l’édifice audiovisuel français. C’est ainsi qu’après près de 4 ans d’existence, en septembre 1986, la Haute autorité de la communication audiovisuelle, remplacée par la CNCL, quittera l’hôtel particulier de l’avenue Raymond Poincaré clôturant le premier chapitre d’une décennie tumultueuse mais passionnante pour la télévision française.

Photos©Balades télévisuelles

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